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Dans les eaux dormantes ou les marécages du Nil, pousse naturellement une plante dont les Egyptiens emploient le tubercule comme aliment et les fibres pour tisser des vêtements, des nattes, des voiles ou confectionner des cordages, des paniers ou encore des barques. Selon Pline l'Ancien qui a donné une description qui se veut précise de la fabrication du support d'écriture, cette plante serait venue de l'île de Chypre d'où son nom Cyperus Papurus, une des 700 espèces de Cypéracées. La tige triangulaire du "papyrus a environ dix coudées de haut " et est ornée à son sommet d'un panache en forme de thyrse. Coupée en tronçons dont la longueur, variable selon les époques et les utilisations du support, n'excédera pas 47 cms, la tige de Cyperus Papyrus est fendue en lamelles qui vont être juxtaposées en deux lits se croisant à angle droit. L'ensemble est mouillé puis martelé. "L'eau du Nil dont on les humecte sert de colle pour les joindre ensemble; on emploie même quelquefois de la colle " précise Pline dans sa description détaillée de la fabrication du support.
Il est bien évident que l'eau du Nil n'a aucune aptitude particulière pour associer les lamelles de la plante. Le martelage en milieu humide provoque un éclatement des fibrilles et des liaisons moléculaires fibre-eau qui se transformeront pendant le passage sous presse en liaisons fibre-fibre et permettront ainsi la solidarité entre les deux couches. Cette explication sera reprise lorsque nous décrirons la fabrication de la pâte à papier.
Il faut penser que l'emploi éventuel de colle dont Pline fait mention n'est probablement pas dû à un bras fatigué de marteler (si on en croit les règlements de discipline militaire, un puni devait être battu comme un papyrus, donc probablement longuement et fermement): le bras d'un esclave ne se fatigue pas....Par contre, on gagnera en temps et en solidité en ajoutant de la colle entre les deux couches; toutefois le papyrus peut être ainsi rendu plus cassant.
Le papyrus n'est pas un papier car bien que ce soit un support végétal, sa fabrication ne nécessite pas le passage par l'état de pâte.
Le mot grec παπμρος serait une transposition de l'égyptien ancien per-paraâ qui devient au pluriel papyri, le royal ou celui du palais; La fabrication de ce support étant un monopole d'état, l'administration fut la première à utiliser cet outil.
Il fallait pour écrire au calame, imperméabiliser la surface. Pline nous donne la recette: "la colle ordinaire (glutinum vulgare) se prépare avec la fleur de farine détrempée dans de l'eau bouillante, sur laquelle on a jeté quelques gouttes de vinaigre... La meilleure colle est celle qui se fait avec de la mie de pain levé, détrempée dans l'eau bouillante ". Déjà, on nomme colle le produit qui sert à imperméabiliser le support d'écriture. "La colle (gumma) des menuisiers et la gomme ne s'emploient pas parce qu'elles sont cassantes" précise Pline. Plus tard, c'est de la gélatine ou colle de peau qui évitera au papier fait à la main de rester buvard. Enfin on a conservé le terme de collage après l'utilisation de résines végétales ou colophane puis de produits de synthèse modernes pour désigner l'opération d'imperméabilisation des papiers actuels. En outre, on rajoutait du vinaigre pour acidifier le mélange sur le papyrus afin que le collage soit plus efficace ; on ajoutera de l'alun ou du sulfate d'alumine dans les pâtes à papier du XIXe siècle lorsqu'on fabriquera mécaniquement ces papiers qui se conservent si mal à cause de leur acidité.
Une fois sèches, après avoir été lissées avec de l'ivoire ou un coquillage, les feuilles de papyrus seront assemblées, généralement par 20, pour former un rouleau. On écrivait d'abord sur le recto, c'est à dire sur la face interne dont les lamelles sont horizontales, si besoin et semble-t-il avec réticence sur le verso.
En latin, ce rouleau s'appelle volumen, ce qui est enroulé; le dérouler c'est explicare. Le temps a conservé les termes latins en leur attribuant un sens voisin de leur sens premier; le plus couramment employé aujourd'hui est celui qui désigne non seulement l'écorce de l'arbre dont la face interne était parfois utilisée comme support d'écriture, mais aussi tout ouvrage écrit: liber. Le "best-seller" est, depuis des siècles le Livre, s, qui est l'équivalent grec de liber. Pline emploie le mot charta pour désigner la feuille ou le rouleau de papyrus. Le terme de charte sous-entend aujourd'hui l'idée d'acte officiel et fait pour durer qui rappelle la réaction qu'eurent plus tard les occidentaux face au papier. Si peu à peu, ce dernier finit par s'imposer, on continua malgré tout à préférer le papyrus et surtout le parchemin comme supports des actes officiels.
Des conditions exceptionnelles de conservation ont permis de retrouver des manuscrits anciens. Pline raconte que 535 ans après sa mise en terre, le cercueil du roi Numa fut déterré et qu'on y retrouva des rouleaux de papyrus.
La bibliothèque d'Herculanum fut enfouie lors de l'éruption du Vésuve en 79 ap. J.-C. (où Pline trouva la mort), sous des cendres qui ne brûlèrent que les couches superficielles des rouleaux, malheureusement difficiles à récupérer.
Les manuscrits de la Mer Morte écrits entre le IIIe siècle av J.-C. et 68 ap. J.-C., retrouvés entre 1946 et 1956 cachés dans des grottes à la limite du désert de Juda ont permis de découvrir des textes inconnus qui appartenaient à la secte juive des Esseniens établie à Qumran dans la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C. et de nombreux textes de l'Ancien Testament en araméen et en hébreu qui n'étaient connus que par des traductions.
Les Egyptiens exportaient tout autour de la Méditerranée le papyrus, marchandise qui pouvait être utilisée comme moyen de pression économique ou politique.
D'autres supports, moins connus, sont fabriqués selon la même méthode : l'Amatl du Mexique, le Tapa des îles Fiji sont un assemblage de bandes parallèles d'écorce.
Papetterie, Délissage |