Jean-Pierre GOUY   -   Maison de l'Imprimerie et du papier   - Les Bordes  F. 19700 Saint Clément   - GPS: N°45°20° 477' - E 1°42 , 700' -  Tél. : 05 55 23 18 02 - JE N'AI PAS le téléphone à l'atelier DONC LAISSEZ un MESSAGE et votre N° SINON JE NE RAPPELLE PAS


   
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Filigranes et Transparences

Sur le tamis, est cousu un fil qui, lorsqu'on forme la feuille, prend la place de quelques fibres et laisse ainsi sa marque dans l'épaisseur du papier, visible surtout par transparence. Est-ce parce que c'est un défaut de la feuille - l'art de faire du papier consiste entre autre à faire des feuilles régulières - que cette enseigne du papetier se veut discrète? Cette marque d'eau (en Anglais: watermark) raconte souvent une histoire, une sensibilité, se veut parfois ex-voto.


Fabriano; filigrane
daté de 1282

 

            Inconnu dans les papiers provenant d'Asie ou des pays Arabes, le filigrane apparait pour la première fois en 1282 dans un papier fabriqué à Fabriano (en Italie, province d'Ancône).

 

            Les premiers papiers fabriqués étaient souvent des surfaces impropres à l'écriture et servaient de papiers d'emballage; il est bien évident que ceux qui arrivaient à fabriquer un véritable support d'écriture tenaient à fidéliser leur clientéle. Les papetiers prirent donc l'habitude de marquer leurs feuilles, employant semble-t-il, un signe différent pour chacun des formats.

 

            Les premières marques relevées sont des formes géométriques simples sans recherche esthétique particulière: le cercle, la croix ou l'étoile, puis on les trouve associées entre elles ou à des formes humaines ou animales de plus en plus élaborées jusqu'aux extraordinaires "armes d'Amsterdam". Nous sommes à la fin du Moyen-Âge et on puise dans les sources qui ont inspiré les scupltures des églises romanes.

 

            Le papetier choisit lui-même l'image qui le représentera. Je tire ici quelques exemples du Dictionnaire des filigranes de Briquet[1]. Une faucille est l'emblème du papetier exploitant en 1568 un battoir proche de Salzbourg, Jacques Sichelschmid : son nom signifie forgeron de faucille (N°616 compléter). Ailleurs on retrouve un des éléments significatif des armes du lieu de fabrication -un forgeron pour Fabriano, le coq provient des battoirs d'Ohlau, trois tours dont la hauteur va en diminuant indiquent une provenance de Fribourg- ou bien les écus de personnages protecteurs ou dont on souhaite s'attacher la protection ou encore les attributs des propriétaires du moulin. Parfois le papetier commet une bévue. J'emprunte encore à Mr Briquet, intégralement, l'histoire qui suit. " Vers 1458, le chapitre métropolitain de Besançon amodiait les moulins de Tarragoz à un papetier, Jean de Rosey. Celui-ci eut l'idée, pour flatter l'amour-propre des citoyens de Besançon, de marquer son papier d'une aigle éployée figurant sur les armes de la ville. Le chapitre ordonna la suppression de l'aigle et prescrivit d'y substituer le bras de saint Etienne. Le papetier continuant sa fabrication clandestine s'attira de nouvelles admonestations et finit, criblé de dettes, par être, en 1640, saisi et expulsé par les chanoines mécontents."[2]

 

            Ailleurs on rencontre des filigranes utilisés plus ou moins frauduleusement. L'aigle, symbole de l'Empire, se rencontre souvent dans des papiers fabriqués dans la région de Bâle; pourtant, les armoiries de Bâle n'ont jamais été supportées par l'aigle. Les papetiers locaux ont-ils voulu que les clients  fassent la confusion avec un papier qui avait une certaine renommée? ou bien ont-ils trouvé seulement qu'il était flatteur de faire figurer cette effigie dans leur papier? ou bien encore, l'un d'eux a-t-il conservé à son usage, en la modifiant à peine, une marque qu'un client, probablement d'origine allemande, lui avait demandé d'apposer dans le papier qu'il lui fabriquait, créant ainsi un précédent? Des procès ont évidemment eu lieu ici ou là; il est assez fréquent, si on connaît les termes des débats, qu'on n'ait pas trace du jugement.

 

            Je souhaite m'arrêter ici un instant pour parler d'un ouvrage déjà cité et de son auteur: le Dictionnaire des filigranes de Charles Moïse Briquet publié en 1907. Ce suisse passa sa vie dans le commerce du papier. Passionné de montagne et d'alpinisme, il avait déjà publié de très nombreux ouvrages sur le sujet quand, à partir de 1883, il commença à publier les résultats de ses recherches sur l'histoire du papier, associant la rigueur scientifique à un esprit d'analyse critique très poussé, sachant remettre en cause non seulement les conclusions des paléographes et autres narrateurs antérieurs de la vie du papier, mais aussi, avec une rare lucidité qui lui fait honneur, chacune de ses conclusions personnelles si celles-ci n'était pas étayée de preuves que lui-même jugeait, avec exigence, suffisantes.

 

            Suite à ses "Recherches sur les premiers papiers employés en Occident et en Orient du Xe au XIVe siècle", une légende tenace tomba: le papier de coton arabe n'avait jamais existé. Son "Dictionnaire Historique des Marques du Papier dés leur apparition vers 1282 jusqu'en 1600" comporte la reproduction de 16.112 filigranes parmi les 60.000 qu'il a relevés. La patience et la rigueur dont a fait preuve Charles Moïse Briquet en font un historien très respecté et dont tout amateur de papier aime consulter les ouvrages. Le numéro qui accompagne la plupart des filigranes qui illustrent le présent ouvrage est celui de Briquet et en se reportant à la table en fin de livre, on connaîtra parfois quelques anecdotes qui leur sont attachées et au moins le lieu où ils ont été employés, selon Briquet, pour la première fois.

 

            Les formats varient non seulement d'un moulin à un autre mais encore dans un même moulin; une paire de formes servait pendant 2 à 3 ans et les tamis de remplacement étaient à peu près identiques, à peu près seulement. Si on réduit la feuille d'un seul centimètre dans ses deux dimensions, on va gagner en quantité de pâte et en nombre de feuilles fabriquées avec un même poids. Il sortait jusqu'à 4000 feuilles par jour et par cuve d'un battoir et souvent, l'approvisionnement en chiffons était difficile. La fraude n'était pas, la plupart du temps, le motif premier mais la survie du moulin en dépendait parfois. Le règlement de 1739 jugera toutefois utile de préciser en son article 12 qu'il est défendu de mettre en filigrane le nom ou le surnom d'un autre fabricant ou un nom supposé.

 

            La profession commençant à s'organiser, les corporations locales des grands bassins papetiers s'entendirent peu à peu pour normaliser les poids et les formats des papiers. Certains filigranes donnèrent leur nom à des formats de papier. Un édit de Henri III, dans le troisième quart du XVIe siècle, obligea les papetiers à ajouter leurs initiales au filigrane de leur moulin. Il convient de préciser ici que si on découvre parfois des lettres à l'envers au milieu de lettres à l'endroit dans ces filigranes, c'est parce que ceux qui fabriquaient et cousaient les marques ne savaient pas lire.

 

            Il faut quand même attendre le XVIIIe siècle pour que la réglementation se fasse plus précise. En janvier 1739, on ajoute l'obligation de faire figurer le surnom du maitre-fabricant, ce qui, comme souvent, ne fait que codifier un usage déjà antérieur ainsi que la mention de la qualité du papier - fin, moyen, bulle ou gros bon - avec le nom de la province.  Le réglement des formats et poids des papiers parait en Septembre1741; l'article 2 précise que la tolérance en ce qui concerne le format est de 1/40e. Toutefois, Nicolas Desmarest, inspecteur général des manufactures, constata, lors d'une tournée, que les papetiers préféraient s'en tenir aux besoins et aux commandes de leurs clients que de tenir compte de réglements qui pouvaient être contraires à leurs intérêts.

 

            Le même réglement précisait: "...veut sa majesté que les maîtres fabricants,..., soient tenus à compter du premier janvier prochain, d'y ajouter en chiffres: mil sept cent quarante deux, à peine de confiscation tant des formes que des papiers." D'une part, on se contenta souvent de faire figurer l'année sur l'emballage et il semble que l'administration ferma souvent les yeux. D'autre part, sans détourner le réglement, nombre de fabricants rajoutèrent effectivement 1742 en filigrane et "oublièrent" de changer la date l'année suivante. Les papiers filigranés 1743 semblent rares. Si les impôts comptaient sur ce moyen  pour contrôler ce qui sortait d'un battoir, ce fut peine perdue.

 



[1]  Charles Moïse BRIQUET (1839-1918) Les filigranes. Dictionnaire historique des marques de papier. Genève 1907.

 

[2] Briquet, op. cit.  à propos du filigrane N° 927

  Quelques filigranes antérieurs à 1800

   Cusson Moyen - Brioude 1742

   Gourbeyre - Auvergne

   Gourbeyre - Auvergne ; dans l'Encyclopédie 1ere édition

   1816 - papier fait main - correspondance Officielle

   à suivre 7 détails du précédent: ils sont la protection contre l'imitation.

   

   

   

   

   

   

    Cloche

    Fleur de Lys couronnée

    C. Chapon -à remarquer l'humour du petit coq

    Epinal - papier de sécurité

   

    Nourisson - La Forie (Thiers) Auvergne - Encyclopédie

    Pot

    Vaissier - Papetier à Renaison et Boen sur Lignon

    Raisin

    Raisin

    Coquille Saint-Jacques

 

 

 des filigranes ombrés sont en image et en vente dans le chapitre "Bienvenue - OCCASIONS"



contact | email : jeanpierre.gouy@lespapiersdumoulin.com
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