L'énergieAvant 1800, toutes les opérations nécessaires à la fabrication du papier sont manuelles sauf, dans le monde occidental, la transformation de la matière première en pâte. C'est donc le type de matière première qui détermine les besoins en énergie. Surprenante pour le papetier occidental, la légèreté des installations papetières en Asie s'explique par l'utilisation de fibres neuves, de plantes ramassées sur place. Mettre en pâte (en bouillie) des plantes est beaucoup plus facile à réaliser que mettre en pâte des chiffons. En Chine, la cuisson, l'action de la chaux permettent de réduire les plantes "en une pâte très fine, dans des mortiers de bois au moyen d'un marteau à longue queue qu'un ouvrier fait mouvoir avec le pied* "; ou bien encore au Japon : " L'écorce suffisamment lavée s'étend sur une table de bois bien unie et épaisse pour être battue avec des bâtons d'un bois dur appelé kusnoki, ce qui s'exécute ordinairement par 2 ou 3 personnes...**
Le sinologue Stanislas Julien a observé un progrès technique: " Après avoir subi cette série d'opérations, les filaments de bambous commencent à pourrir et ils répandent une odeur désagréable; on les soumet alors à l'action de pilons qui agissent dans de grands mortiers (dans les pays montagneux, les cours d'eau sont utilisés comme force motrice et mettent en mouvement un mécanisme très simple disposé à cet usage) ".*** Malheureusement, nous n'avons pas plus de précision.
En Occident, les premiers papiers se fabriquent dans des moulins qui ajoutent cette activité, d'abord annexe, à leur fonction première. Les mêmes machines ou au moins, les mêmes sources d'énergie furent donc utilisées pour l'activité traditionnelle (farine ou huile en été) et la nouvelle production ( le papier en hiver et au printemps).
G : hérisson ou roue horizontale de 72 dents H : Lanterne à 12 fuseaux de fer F : Lanterne de 18 fuseaux C : Roue garnie de 72 alluchons
La roue du moulin à eau fut d'abord horizontale, puis elle devint verticale au début du 1er siècle avant J.-C. L'entraînement de la roue se fait par en-dessous, au fil de l'eau. Pour une activité meunière puis pour le foulage ( grâce à l'invention de la came), une puissance inférieure à 1 cv était suffisante. Avant d'être foulé, le chiffon passe d'abord sous les meules. Il s'agit de gagner en temps et en efficacité en défaisant le travail de la filature puis celui du tissage avant de commencer à fabriquer la pâte. La faible puissance des premiers moulins n'autorise que peu de cames, mais la demande ira en s'accroissant à partir de la deuxième moitié du XVIe. Certains moulins vont alors se spécialiser dans la papeterie. On construira alors des ateliers de fabrication très proches, voire contigus aux anciens bâtiments, mais prés d'une chute d'eau qu'on aura provoquée en creusant un bief, canal en dérivation de la rivière mère, pour l'alimentation du moulin, ayant une faible pente pour obtenir une hauteur de chute importante. L'alimentation de la roue se fera alors par dessus.
* Desmarest - Encyclopédie Méthodique - article Papier ** Kaempfer - propos de voyage rapportés par Delalande - Art de Faire le Papier *** Article sur les travaux de Mr Saint Julien sur les industrie chinoises - dans Industries anciennes et modernes de l'Empire Chinois - Paul Champion - 1869 |