Jean-Pierre GOUY   -   Maison de l'Imprimerie et du papier   - Les Bordes  F. 19700 Saint Clément   - GPS: N°45°20° 477' - E 1°42 , 700' -  Tél. : 05 55 23 18 02 - JE N'AI PAS le téléphone à l'atelier DONC LAISSEZ un MESSAGE et votre N° SINON JE NE RAPPELLE PAS


   
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Le Chiffon

Dés les débuts de la fabrication du papier en Occident, s'est posé le problème de la matière première. L'agriculture ne pouvait pas fournir suffisamment de fibres neuves à la fois aux filatures et aux papeteries. On s'est donc tourné vers la récupération des vieux tissus de lin et de chanvre. La modernisation de l'imprimerie (Gutenberg) va accroître le besoin.

Trouver la matière première a toujours été le souci des papetiers. Abd-Allatif, médecin de Bagdad, qui voyageait en Egypte vers 1200, rapporte que les Bédouins enlèvent les linceuls des momies et tout ce qui se trouve avoir une consistance suffisante; ils emploient tout cela à se faire des vêtements ou bien ils le vendent à des manufactures de papier[1].

 

         Parfois le propriétaire fournissait la chiffe et achetait la production à l'heureux papetier auquel il avait affermé son moulin. Chacun pouvait alors se consacrer pleinement à sa tâche de commerçant ou de technicien. Il est bien évident que s'il ne pouvait pas alimenter le battoir en matière première, le propriétaire perdait de l'argent.

 

         Le plus souvent, le papetier était maître de son travail et de son commerce, travaillant à la commande. A la fin du XVIe siècle, les frères Vualliat, fermiers du moulin d'Allemogne aux portes de Genève, passent contrat avec Henry Estienne, un des grands imprimeurs de cette illustre famille, pour la fourniture de 1000 rames par an de papier format grand bastard, la rame pesant 16 livres soit 8 tonnes de papier; le contrat porte sur 8 années[2] . Quel bonheur pour une entreprise de conclure de tels contrats! D'après les comptes des années 1450-1451 du gouverneur du moulin à papier de la ville de Metz, Martin George, 1000 livres de chiffons étaient estimés rendre entre 360 et 390 livres de papier[3] . Il faut en effet trier les chiffons, séparer tout ce qui n'est pas blanc ou clair de la couleur, ôter les coutures, les cols, les ourlets et bien sûr les boutons. Les fournisseurs d'Estienne devaient donc se procurer environ 30 tonnes de matière première pour honorer ce seul contrat et il est probable qu'ils n'avaient pas que ce client.

 

          On comprend qu'en 1471, un arrêté interdise sous peine d'amende l'exportation des chiffons hors du duché de Milan; il faudra renouveler cette défense en 1591, 1592 et 1610.

 

                   Tout ce qui est fait de fibres est utilisable et les vieux cordages des ports sont un matériau précieux. C'est encore à Briquet (papiers et filigranes des Archives de Gênes 1888) que nous empruntons l'anecdote qui suit. Un papetier, originaire de Fabriano, Grazioso Damiani, vint s'établir en 1406 près de Gênes. Dans une requête en date du 12 avril 1424, il supplie le gouverneur de Gênes de lui assurer le privilège d'acheter les vieux cordages dans le territoire de la cité. Le gouverneur et le conseil des anciens, "considérant qu'il est d'intérêt public que l'art de faire le papier se propage dans le district de Gênes ordonnèrent qu'à l'avenir, il ne soit permis à personne d'enlever les cordages dans la cité, si ce n'est au seul Grazioso, afin qu'il exerce son dit métier et non pour autre chose".

 



[1]Silvestre de Saci. Relation de l'Egypte par Abd-Allatif. 1810. anecdote reprise par H. Alibaux Les premières papeteries françaises

[2]Briquet. Dictionnaire des filigranes. article croix grecque

[3]Briquet id.

Au XVIIIe siècle, 1000 livres de chiffon permettaient de fabriquer entre 700 et 750 livres de papier, au XIXe, 800 livres.

Un édit royal ira jusqu'à interdire d'ensevelir les morts dans un linceul fait de fibres végétales.

Ne pensons pas que le chiffonnier récupère des draps* . Ce seront le plus souvent des cordages, des serpillières, des fibres usées par le frottement, cuites et recuites lors des lessives, parfois de la chemise, un fil plus blanc, plus fin -une chance !- qui feront ces ouvrages que nous admirons aujourd'hui. Les chiffons seront triés, lavés, mis à pourrir et amenés à la pile pour être mis en pâte.

La machine va, au XIXe siècle, permettre de fabriquer plus de papier. Il faut donc trouver plus de matière première. Après 1850, l'usage du bois va se généraliser. Le chiffon continuera à être employé jusque vers 1950-1960 pour la fabrication de papiers à cigarettes, de papiers fiduciaires, des papiers légers, spéciaux. L'apparition des fibres synthétiques, l'augmentation du prix de la main d'oeuvre -le tri, une partie du découpage du chiffon sont manuels- vont pousser les industriels à chercher de nouvelles matières premières.




La feuille est couchée sur un feutre


* "Les pourvoyeurs de chiffon sont les chiffonnier qui dans les grandes villes et surtout à Paris, s'en vont la nuit, une hotte sur le dos, une lanterne dans la main gauche, un crochet dans la main droite, fouiller les épaves jetées par les ménagères. Ces pauvres travailleurs, en recueillant dans leur panier d'osier, des lambeaux de linge, mêlés à tant d'autres débris, en ramassant pêle-mêle les hideux résidus de la vie sociale, ne semblent pas se douter que leur pénible et misérable travail est le point de départ d'une industrie qui sert de base à la civilisation et au progrès intellectuel dans le monde entier." Louis Figuier - Les merveilles de l'industrie -


contact | email : jeanpierre.gouy@lespapiersdumoulin.com
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